
« Nous devons nous préparer à une guerre d’une ampleur comparable à celle qu’ont connue nos grands-parents ou nos arrière-grands-parents ». Ces mots ce sont ceux du secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, à propos de la menace de conflit armée qui guette notre continent. Ils doivent constituer un électrochoc.Après des années à profiter des dividendes de la paix, la guerre est de retour sur le continent européen.
Dur réveil pour notre classe politique et pour nos opinions publiques accoutumées à des années de croissance prospère, à peine obscurcies par des opérations extérieures au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne qui demeurent impalpables pour la majorité de la population. Après des années de fermeture de régiments et de vente d’emprises au depuis le début des années 2000 jusqu’à 2017, l’heure est aujourd’hui au réarmement et à l’accélération de la modernisation de nos armées.Aucun investissement n’est utile sans prise de conscience et la prise de conscience commence chez les jeunes citoyens. Il est pour cela fondamental d’entendre le message du Président de la République qui a annoncé la création d’un nouveau service national militaire. Loin d’être un retour au passé, c’est une transformation stratégique pour faire de notre jeunesse un pilier de la défense du pays.
En tant que député des Français vivant en Europe du Nord, dont cinq pays frontaliers de la Russie, je soutiens pleinement cette réforme qui s’appuie sur ce qui fonctionne le mieux là où l’exigence sécuritaire s’est accrue face à la menace venant de l’Est au cours de ces dernières années.
🔍 Ce que nous apprennent les modèles baltes et nordiques
En Finlande, le service national s’inscrit dans une doctrine de défense totale : chaque citoyen est un acteur de la sécurité du pays. La majorité des jeunes passent par un service militaire de 6 à 12 mois, puis intègrentimmédiatement une réserve organisée, territorialisée, activable très rapidement en cas de crise majeure. Cette chaîne de mobilisation permet à un pays de 5,5 millions d’habitants de disposer en temps de guerre d’une force prête à défendre son territoire sur la durée. Ce modèle fait du service militaire un moment charnière dans la vie des jeunes : ils acquièrent des compétences concrètes, physiques, techniques, civiques, qui seront réactivées si la Nation en a besoin. La souveraineté n’est pas théorique : elle est vécue.En Norvège, conscription ne rime pas avec contrainte de masse mais avec sélection et motivation. Tous les jeunes sont recensés, mais seuls ceux qui démontrent le meilleur potentiel — moral, physique, technique — sont incorporés, qu’ils soient hommes ou femmes. Cette approche basée sur la motivation renforce chaque année les unités opérationnelles avec des conscrits hautement engagés et responsabilisés dès le premier jour. La formation y est exigeante : le service est une année d’excellence et non d’attente. La Norvège montre que l’on peut moderniser la conscription en la rendant à la fois attractive, égalitaire et utile.En Estonie, pays en première ligne face aux menaces géopolitiques actuelles, le service militaire obligatoire est pensé comme l’assurance-vie de la nation estonienne. La conscription fournit la quasi-totalité des effectifs militaires en cas de conflit, grâce à un système de réserve territoriale extrêmement structuré. Chaque conscrit, après son service, conserve un rôle dans une unité précise, proche de chez lui, avec laquelle il s’entraîne régulièrement. Le message politique et citoyen est clair : lorsque le danger frappe à la porte, l’armée ne se limite pas à ses professionnels, elle devient l’expression de la société tout entière. Ce modèle rappelle que la sécurité est d’abord l’affaire des citoyens.🇫🇷 Ce que la France va mettre en œuvreNotre nouveau service national reprend ce qu’il y a de plus efficace dans ces modèles :- une vraie formation militaire, avec apprentissage des savoir-faire opérationnels.- Une durée cohérente avec les parcours de vie : 10 mois, pouvant constituer une année de césure utile.- une sélection exigeante, fondée sur le volontariat et les besoins réels des unités.- une immersion dans les armées, sur le territoire national, au sein d’unités opérationnelles.- une montée en puissance progressive, pour bâtir dans la durée une capacité de mobilisation crédible.- une réserve renforcée, alimentée par des jeunes déjà formés et motivés.Ce modèle nous permettra d’avoir, à côté de notre armée d’active hautement professionnelle, un socle de citoyens entraînés et prêts à servir. Il ne s’agit pas de remplacer l’armée professionnelle par un nouveau contingent mais de compléter et de mieux s’adapter à l’état du monde.🎯 Mon engagement à l’Assemblée nationaleDans ce cadre, je demeurerai mobilisé sur trois priorités :1. Assurer un financement pérenne pour les infrastructures et l’encadrement nécessaires.2. Valoriser l’expérience militaire du service national dans les parcours d’études et professionnels.3. Veiller à la déclinaison pour les jeunes français de l’étranger - qui sont traversés par les mêmes inquiétudes que ceux de l’hexagone.En s’inspirant des pays nordiques, la France fait le choix de la lucidité et de la force morale. Notre génération politique porte une responsabilité historique : préparer la Nation à tenir en cas de conflit de haute intensité. Ce service national en sera l’une des clés.